đ„ Chambre 317 « Ressembler Ă un vinyle de 1972 jamais ouvert, jamais Ă©coutĂ©, c’est l’impression qu’on voulait donner. »
Il est aux alentours de midi un dimanche Ă Rouen. C’est le printemps, il flotte des cordes, et nous nous dirigeons vers la Chambre 317. Lysian jette un Ćil par sa fenĂȘtre : « c’est Piste 1 ? ». Il vient ouvrir, nous montons ensemble jusque dans le salon d’un appartement oĂč se trouve Ă©galement Antoine. Seul Paul, troisiĂšme membre du groupe, manque Ă l’appel ce matin-lĂ .
Rien de mieux que de se trouver sur le lieu de crĂ©ation du premier EP du groupe, bien calĂ©s sur un canapĂ© faisant face Ă un clavier et des guitares, pour Ă©voquer ensemble les inspirations et envies ayant menĂ© Ă la conception du bien nommĂ© Noctambule. AprĂšs des premiers singles dĂ©voilĂ©s l’an passĂ©, ce premier disque de 4 titres est l’occasion pour Chambre 317 d’affirmer son style : rythmes moelleux, dĂ©cors musicaux feutrĂ©s, chansons Ă la progression instrumentale savoureuse et au romantisme se dessinant comme des ombres projetĂ©es au loin.
Rencontre au cĆur d’une ambiance nichĂ©e quelque part entre les dĂ©cennies, au carrefour du dĂ©sert, de la ville et de la mer, une combinaison dont le 317 est sĂ»rement le numĂ©ro gagnant.
Piste 1 : Merci pour votre accueil Lysian et Antoine. La Chambre 317 nâest pas seulement le nom de votre groupe, câest aussi lâendroit oĂč nous nous trouvons et oĂč vous Ă©crivez vos morceaux. Pour commencer, quâavez-vous Ă nous dire pour nous prĂ©senter cette Chambre 317 ?
Lysian : Câest une colocation, un groupe de potes. On Ă©tait cinq dans un ancien groupe, et puis nous sommes restĂ©s Ă trois. On a fait ensemble le festival Pic dâOr Ă Tarbes, et aprĂšs ĂȘtre passĂ©s devant pas mal de professionnels et de journalistes, on a dĂ©cidĂ© de passer Ă un nouveau projet, un nouveau groupe.
On a mis un temps fou Ă trouver ce quâon voulait, le nom du groupe pour commencer, puis son style, son univers. On nâĂ©tait pas sĂ»rs de nous. Par exemple, le morceau dâouverture de lâEP , âO Longue Nuitâ, avait originellement des cĂŽtĂ©s un peu synth-wave.
Antoine : Un cÎté un peu à la Lewis of Man, et puis on est ensuite partis sur de la musique plus jazz, rock progressif.
Lysian : On a vraiment tout changĂ© sur ce morceau. Câest un de nos morceaux le plus ancien. On lâavait composĂ© et Ă©crit un an avant le morceau âMon corps toujoursâ, notre single sorti Ă la fin 2019.
Vous aviez donc plein de versions de ce premier morceau et vous avez voulu prendre votre temps pour trouver votre style ?
Lysian : Ouais, il y a eu beaucoup de versions avant de trouver ce quâon voulait vraiment.
Et puis, Ă la suite de votre nouveau projet musical, vous vous ĂȘtes donc installĂ©s ici dans votre colocation ?
Lysian : On Ă©tait dĂ©jĂ installĂ©s lĂ . En fait, on se connait depuis la maternelle. Le nom de notre groupe nous est alors venu tout naturellement. On rĂ©sidait et on composait dans cette chambre, au 317, alors on sâest dit quâon allait nommer notre groupe comme ça.
Antoine : On a voulu faire simple.
Câest marrant puisquâen Ă©coutant votre musique, on se rend compte quâon est en face dâune musique dâatmosphĂšre. On est musicalement plongĂ©s dans un endroit, une Ă©poque, de maniĂšre trĂšs visuelle, comme si on entrait rĂ©ellement dans cette chambre 317.
Lysian : Tu nâes pas le premier Ă le dire, et ça fait plaisir! Je pense que ça vient de lâinfluence des artistes des annĂ©es 70 quâon Ă©coute beaucoup : Pink Floyd, Supertramp, par exemple ⊠Il y a dans la musique de ces groupes beaucoup de vieux synthĂ©s, des orgues, des solos de guitare ⊠Et câest vrai que dans la chanson française, on nâentend plus ces accompagnements lĂ .
Quand on a fait le master de lâEP, Bruno Gruel de Elektra Mastering qui a bossĂ© sur le disque nous a dit que notre musique ressemblait Ă un vinyle de 1972 jamais ouvert, jamais Ă©coutĂ© et dont on nâaurait jamais enlevĂ© le plastique. Et câest exactement lâimpression quâon voulait donner.
Au niveau du son, câest ce cĂŽtĂ© trĂšs instrumental qui nous a plu, et qui dĂ©tonne dans le paysage des arrangements en chanson française actuelle comme tu dis. Avec une grande place accordĂ©e Ă des solos presque improvisĂ©s.
Jâai aussi ressenti comme une influence jazz dans votre album.
Antoine : Le cĂŽtĂ© jazz vient plutĂŽt de moi, qui suis au piano, et mĂȘme de Paul Ă la guitare, qui amĂšne un cĂŽtĂ© smooth jazz, mĂȘme si souvent rock parfois. MĂȘme au niveau des batteries, on essaye de mĂ©langer pas mal dâinfluences, entre jazz et rock.
Câest drĂŽle puisque jâĂ©coutais les Doors hier, et je me disais que la frontiĂšre de leur musique avec le jazz Ă©tait mince, de par leurs improvisations et la maniĂšre dont ils composaient.
Antoine : La seule diffĂ©rence, celle qui fait que ce nâest pas du jazz, câest leur son dâaprĂšs moi. Ils jouent avec des instruments trĂšs Ă©lectriques.
Lysian : Dans notre groupe, on nâa pas de batteur, pas de bassiste, on est trois. Et on nâassume pas tellement le fait dâutiliser des samples quand on enregistre. On se sent donc obligĂ©s de rajouter des pistes de nos propres percussions.
Câest un dĂ©lire pour nous parce que notre voisin dâen face est musicien et on a eu accĂšs Ă plein de percussions du monde entier, de sa collection. On sâest donc amusĂ©s avec, on en a jouĂ© et on sâest dit quâon allait faire de lâĂ©veil musical dans nos chansons (rires).
DâoĂč les sonoritĂ©s parfois exotiques qui se dĂ©gagent de votre musique ?
Antoine : Oui, il y a plein dâinstruments de ce genre. Dans un de nos premiers singles âPolyamourâ par exemple, il y a un oud. Ce qui donne des sons quâon n’a pas forcĂ©ment lâhabitude dâentendre dans des chansons françaises. Câest dâailleurs le son qui nous intĂ©ressait, plutĂŽt que le cĂŽtĂ© technique de ces instruments.
Dans votre Ă©criture et lâatmosphĂšre visuelle de vos premiĂšres pochettes de single ou de vos premiers clips, on se situe dans le thĂšme des relations amoureuses furtives et charnelles. Chambre 317, ce serait donc Ă©galement une maison close, un ancien bordel, un endroit de libertinage Ă lâancienne ⊠?
Lysian : Ouais, câest un peu ça! Il y avait aussi un cĂŽtĂ© provocâ pour nos premiĂšres pochettes, avec des questionnements dans le genre : pourquoi nâaurions-nous pas le droit de montrer une femme nue ? Et ce qui est marrant câest quâon sâest rapidement rendu compte de ces interdits, avec notre single âDĂ©shabillerâ.
Antoine : Oui, la pochette a été censurée sur Instagram.
Lysian : Alors que câest un dessin ! Câest ça qui est drĂŽle âŠ
Vous recherchez donc ce cÎté un peu transgressif dans votre projet ?
Lysian : Disons, un cĂŽtĂ© un peu âfaux gentlemenâ, que lâon a vraiment chercher Ă produire, visuellement ou musicalement. Du moins sur nos premiers singles. Notre EP a un aspect beaucoup plus sombre, mĂȘme au niveau de sa pochette.
Antoine : On sâest dit que ça allait faire trop si on continuait dans ce mĂȘme dĂ©lire transgressif. On a voulu couper avec ça.
« Ce qu’on a voulu montrer, c’est qu’on est quand tout de mĂȘme capable d’aller vers cette lumiĂšre. »

En effet, votre premier EP brouille les pistes, floute les frontiĂšres de votre musique.
Lysian : Câest ce dont on avait envie. On sâamuse dâailleurs souvent Ă faire des textes Ă double-sens. Dans la chanson âO longues nuitsâ par exemple, on pourrait avoir lâimpression que je parle uniquement de sexe, mais en rĂ©alitĂ© je parle dâun personnage qui se drogue, qui est dĂ©pendant et qui perd la tĂȘte. Câest une chanson en trompe-l’Ćil. Dans le bout de phrase âsans laisser de traceâ, je pense davantage Ă un rail de coke. Et jâai vraiment voulu jouer dans mes paroles avec le corps de quelquâun qui se fait plaisir.
Antoine : Et on a Ă©galement jouĂ© avec le son pour produire ce trompe-l’Ćil.
Mais entre le sexe et la drogue, il nây pas forcĂ©ment de frontiĂšres trĂšs dĂ©finies dâailleurs ⊠ce qui rend cette chanson encore plus intĂ©ressante !
Lysian : Oui, câest une drogue, tout Ă fait. De toutes maniĂšres dans les textes de lâEP, on peut parler dâamour, de rupture comme du bordel quâil peut y avoir dans la tĂȘte des personnages des chansons. Et si nos trois premiers morceaux sur lâEP sont plutĂŽt sombres, notre quatriĂšme chanson est complĂštement diffĂ©rente, plus joyeuse et mĂ©lancolique. On a lâimpression dâĂȘtre plongĂ©s dans lâombre pendant les trois premiers morceaux et puis le quatriĂšme amĂšne de la lumiĂšre. Ce quâon a voulu montrer, câest quâon est donc tout de mĂȘme capable dâaller vers cette lumiĂšre.
Dâailleurs, sur le premier album quâon est en train de composer en ce moment, et qui sortira aprĂšs ce premier EP, on souhaite continuer sur cette voie plus lumineuse, encore plus rock, avec un rythme diffĂ©rent et plus rapide.
Antoine : On souhaite davantage faire bouger notre public.
Lysian : Sur cet EP Noctambule, on a en tout cas absolument pas cherchĂ© lâaspect âcommercialâ mais Ă se faire plaisir le plus possible !
Pour un premier disque, câest sans doute le plus important que de se faire plaisir, en toute insouciance, plutĂŽt que dâavoir une influence musicale frustrĂ©e et non-exprimĂ©e ?
Lysian : Il nây avait personne pour nous diriger. Personne pour nous demander de refaire une ligne de basse ou autre. CâĂ©tait top, on a fait ce quâon voulait.
Et vous avez une idée bien claire de ce que vous voulez produire aprÚs ce premier EP ?
Antoine : Ce qui est sĂ»r câest que ce sera un album. On a une vingtaine de sons, pas encore enregistrĂ©s. Il faudra Ă©videmment trier, mais on a dĂ©jĂ ces morceaux en tĂȘte.
Comment vous composez et écrivez ensemble dans le groupe ?
Antoine : On compose tous les trois. MĂȘme si les textes viennent quand mĂȘme plutĂŽt de Lysian.
Lysian : Paul revient Ă©galement souvent sur mes textes, ou commence parfois Ă les Ă©crire. Souvent il me propose un texte, et je les complĂšte. Moi ça me plaĂźt quâil Ă©crive avec moi, ça me fait moins de travail (rires). Sinon au niveau des prods, câest souvent Antoine qui les compose, mĂȘme si on peut aussi sây mettre tous les trois.
Vous diriez que vous avez tous les trois les mĂȘmes influences en termes dâĂ©criture ou de musique ?
Antoine : On a quand mĂȘme beaucoup de goĂ»ts en commun, mĂȘme si on a chacun nos petits styles un peu dĂ©finis.
Lysian : Câest vrai quâAntoine et moi on peut par exemple se mettre Ă Ă©couter du rap amĂ©ricain, alors que câest que câest moins le genre de Paul dâĂ©couter ça.
Antoine : Ce nâest pas pour autant que ce style de musique nous influence beaucoup dâailleurs. Car on a quand mĂȘme une grosse partie dâinfluences provenant de la musique rock ou progressive des annĂ©es 70 et 80. Je pense Ă Sade par exemple, quâon Ă©coute tous les trois.
Lysian : Sade, câest vraiment une grosse influence commune, surtout son album Diamond Life. Mais je pense aussi aux Beatles, Ă Supertramp âŠ
Antoine : On Ă©coute pas tant que ça de musique française finalement ! On a beaucoup Ă©coutĂ© LâImpĂ©ratrice dans les groupes rĂ©cents, PĂ©pite Ă un moment ⊠Mais sinon on nâa pas beaucoup Ă©coutĂ© de musique rĂ©cente.
Lysian : Pour ma part, dans les artistes plus anciens, je pense Ă Henri Salvador, Gainsbourg. (Ă Antoine) Toi tu aimais bien Jacques Dutronc rĂ©cemment. On dĂ©couvre aussi beaucoup Françoise Hardy en ce moment. On a beaucoup Ă©coutĂ© aussi lâalbum de Nino Ferrer Nino and Radiah, il est trĂšs puissant cet album !
Finalement beaucoup dâartistes avec des arrangements instrumentaux Ă lâancienne et une bonne place laissĂ©e aux textes ?
Lysian : Oui, câest tout cela qui nous inspire. En fait, jâai aussi cette impression que dans la musique dâaujourdâhui, on se copie pas mal et on fait le moins dâefforts possible.
Câest quoi votre formation musicale ?
Lysian : On nâa pas fait de conservatoire, ni rien. Antoine a pris quelques cours de piano, petit, mais sinon on a tout appris tout seul. Ăa montre quâil nây pas besoin dâaller au conservatoire pour apprendre la musique. La musique aujourdâhui est dâailleurs de plus en plus ouverte, et câest gĂ©nial.
« La chanson française dâĂ©poque avait vraiment une recherche poĂ©tique. Finalement, avec ce genre de chansons, il nây a pas besoin de lire des livres pour ĂȘtre au contact de la poĂ©sie. »
Revenons sur lâambiance et lâatmosphĂšre de votre premier album, dont le titre est âNoctambuleâ. Votre musique se dĂ©ploie dĂšs le premier titre comme nocturne, dans le sens oĂč on sâimagine bien lâĂ©couter la nuit. Elle se dĂ©plie de maniĂšre calme et discrĂšte, comme si on essayait de ne pas rĂ©veiller les gens qui dorment Ă cĂŽtĂ© ⊠Cela tient aussi Ă ta voix Lysian, tout en retenue et presque en fredonnements ⊠Vous avez composĂ© la nuit ?
Antoine : Oui, on a plutÎt enregistré les titres la nuit.
Lysian : Il ne faisait presque jamais jour, câest vrai. Les enregistrements le jour, ça ne marchait jamais. Il y aussi lâeffet Covid qui a fait que, avec les confinements, on ne savait plus comment faire pour se fatiguer, pour dormir. Parfois, je me couchais Ă 5h du matin ⊠Dans notre groupe, Paul Ă©tait capable de jouer du piano pendant 6 heures dâaffilĂ©e, ensuite passer Ă la guitare, la batterie. Il est complĂštement fou, moi je ne pourrais pas faire ça (rires), et il aimait beaucoup composer la nuit.
Lâaspect noctambule va vraiment bien avec lâEP. On nâa pas mis longtemps Ă se mettre dâaccord sur ce titre, une semaine ⊠Câest toi qui as trouvĂ© le nom Antoine !
Antoine : Ouais, on Ă©tait partis sur âSomnambuleâ, et puis on sâest dĂ©cidĂ©s pour âNoctambuleâ.
Lysian : JâĂ©tais dans l’escalier, Paul Ă©tait aussi lĂ , et on sâest dit : âoula, ouais, câest celui-lĂ , direct !â.
Antoine (en montrant du doigt le tableau « Nighthawks » de Edward Hopper, accrochĂ© au mur) : Cette ambiance-lĂ , on lâaime bien. Son cĂŽtĂ© nocturne. Dâailleurs, ce tableau sâappelle âOiseaux de nuitâ. Je trouve ça marrant cette concordance entre âOiseaux de nuitâ et âNoctambuleâ. Je trouve que ce tableau est une belle illustration de lâambiance quâon a voulu crĂ©er dans lâEP.

Et votre pochette donne aussi cette mĂȘme impression dâailleurs.
Lysian : Il y a cette porte qui est dans une sorte de dĂ©sert. On ne sait pas trop oĂč on est. Il y a pourtant le ciel bleu qui est reprĂ©sentĂ©. On pourrait mĂȘme croire que câest la mer. Et il y a trois silhouettes qui pourraient nous reprĂ©senter.
Antoine : Mais on nâen sait rien en fait, câest ça qui est cool. Câest trĂšs abstrait, on aime bien.
Vos textes ont cet aspect romantique et poĂ©tique. Quâest ce qui vous a donnĂ© cette patte littĂ©raire ?
Antoine : On ne peut pas dire quâon lit beaucoup de poĂ©sie. Je pense que notre inspiration passe davantage par des artistes qui eux utilisaient de la poĂ©sie. Je pense Ă Gainsbourg.
Lysian : Câest sĂ»r, Gainsbourg nous a vraiment beaucoup inspirĂ©.
Et puis câest vrai que la chanson française est un super mĂ©dium pour faire passer la poĂ©sie.
Antoine : Et puis pour le coup, la chanson française dâĂ©poque avait vraiment une recherche poĂ©tique, quâon a moins maintenant. Finalement, avec ce genre de chansons, il nây a pas forcĂ©ment besoin de lire des livres pour ĂȘtre au contact de la poĂ©sie.
Ce sont donc plutÎt ces textes de chansons françaises plus anciennes qui vous ont inspiré ?
Lysian : Oui, et puis aprĂšs, concernant lâĂ©criture, je ne sais pas vraiment comment tâexpliquer. Ăa vient tout seul. La chanson âSous la pluieâ, je lâai Ă©crite en 20 minutes. Je me suis imaginĂ© un mec dans la rue, sous la pluie, qui attend que son ex lui fasse un signe. Le texte est venu rapidement, avec une petite gratte et un aspect un peu sombre qui fait quâon a lâimpression dâĂȘtre dans le dĂ©sert alors quâil flotte. Et avec, pour en revenir Ă ce que tu disais toute Ă lâheure, un cĂŽtĂ© âDoorsâ un peu prĂ©sent, trĂšs sombre. Je pense que câest le meilleur titre de notre EP, personnellement, mĂȘme en live.
Et toi Antoine, câest aussi âSous la pluieâ ton titre prĂ©fĂ©rĂ© de lâEP ?
Antoine : Oui, aussi. Si on prend la partie piano, il y a dâautres titres plus intĂ©ressants dans lâEP, mais jâaime bien le format condensĂ© quâon voulait donner Ă ce morceau. Câest le seul qui est en deçà des quatre minutes.
Lysian : En live sur ce titre, je suis Ă la guitare et je chante. Et comme je fais la rythmique, Paul a vraiment une Ă©norme libertĂ© Ă la gratte. Et concernant le chant, jâai sur scĂšne la possibilitĂ© de changer en permanence ma maniĂšre de prĂ©senter le texte : de façon assez triste, ou en rigolant de maniĂšre un peu narquoise ⊠Et câest trĂšs agrĂ©able.
Vous avez dâailleurs une idĂ©e de la maniĂšre dont vous avez envie de restituer votre musique au public en live ?
Antoine : On ne sây est pas trop penchĂ©s. Tu sais, avec cette pĂ©riode on nâa pas fait un seul concert, câest un peu mal tombĂ©.
Lysian : Cela dit, on a connu la scĂšne avec notre ancien groupe. Mais je ne me rappelle mĂȘme plus le petit truc que ça fait lĂ , au corps, quand tu montes sur scĂšne.
Antoine : Mais câest vrai quâon aimerait bien crĂ©er une ambiance. On a des idĂ©es. On ne va pas mettre des Ă©lĂ©ments de dĂ©cor pour restituer une chambre, ce nâest pas lâintĂ©rĂȘt, mais habiller la scĂšne avec un peu de rouge, de la chaleur, ça pourrait ĂȘtre bien.
Lysian : Ou une porte, avec Ă©crit dessus 317, et qui serait toujours lĂ pour les concerts ⊠Et concernant les morceaux on sâimagine dĂ©jĂ les Ă©tirer en live! Je ne sais pas si tu connais le groupe Last Train. Ce qui est intĂ©ressant câest que leur morceaux de 3 minutes durent 10 minutes en live. On adore particuliĂšrement cet aspect progressif, Ă la Pink Floyd. Tu as des solos de guitare qui durent longtemps, ça monte en pression. On a vraiment aussi envie de sâamuser avec ça.
La derniĂšre chanson de votre EP « Et pourtant » est un peu diffĂ©rente du reste. Lysian, tu n’es pas le seul Ă chanter dessus, et lâaccompagnement est encore plus dĂ©pouillĂ©e, plus acoustique.
Lysian : Oui, Paul chante dessus.
Antoine : Il nây a quasiment pas de batterie, sauf Ă la fin, ce qui rejoint alors le dĂ©but de lâEP.
Lysian : Et je trouve que ce dernier titre a un aspect plus chaleureux et mĂ©lancolique en mĂȘme temps. On voulait prouver quâon Ă©tait capable de faire ce genre de morceau. Et pas seulement des morceaux Ă ambiances sombres, oĂč tu tâimagines triste dans un bar avec ton whisky et ton cigare, comme nous avait dit la personne qui sâest occupĂ©e de notre master en parlant de notre musique.
Quels sont pour vous les ingrĂ©dients essentiels dâune chanson ?
Lysian : Le texte âŠ
Antoine : Câest hyper dur comme question. Les accords ⊠On sâintĂ©resse beaucoup Ă leur progression, les montĂ©es, tout cela. Au son.
Câest quelque chose de compliquĂ© pour vous de terminer une chanson ?
Lysian : CarrĂ©ment, je crois que câest le pire ! On a tout le temps envie de retourner dessus. MĂȘme quand on réécoute lâEP aujourdâhui, on se dit quâon aurait pu mettre telle ou telle chose dans les chansons.
Surtout que vous avez été entiÚrement indépendants dans la production de cet EP.
Antoine : On a eu la libertĂ© de faire beaucoup de changements, oui. Il faut donc savoir se fixer des barriĂšres. On sâest mis des deadlines. On sâest dit quâil fallait quâon finisse lâEP Ă telle date, et on a tenu Ă deux ou trois jours prĂšs. Je pense que câest la meilleure maniĂšre pour se limiter. Ce qui nâempĂȘche pas de dĂ©river un peu, surtout quâon fait beaucoup dâimpro sur les morceaux, et il nous vient toujours des idĂ©es.
Lysian : On peut trĂšs bien passer deux heures Ă faire nâimporte quoi, ou rester sur deux accords et se dire que câest trop bien (rires). Et par rapport au texte, surtout en ce qui me concerne, je ne cherche pas forcĂ©ment une structure couplet/refrain « commercial » qui fait en sorte que ça rentre dans la tĂȘte.
Tu te situes davantage dans un procĂ©dĂ© dâĂ©criture libre, progressive ?
Lysian : Je fonctionne davantage en vers libres, sans refrain. MĂȘme le texte est progressif en effet. Et en Ă©coutant la Chambre 317, on sâattend Ă ce quâil y ait un moment complĂštement instrumental Ă la fin du morceau, on sait quâil va arriver. Si il nâest pas lĂ , câest que ce nâest pas nous.
Antoine : Le fait quâil nây ait pas de refrain nous permet davantage de raconter des histoires.
Lysian : Notre chanson âEt pourtantâ est la seule oĂč il y a un refrain, qui revient trois fois. Dans âO longue nuitsâ, il y a trois fois la mĂȘme ligne Ă la fin, ce qui fait quâon aurait pu faire un refrain, mais on a prĂ©fĂ©rĂ© y mettre des chĆurs, quâon aime beaucoup ajouter dans nos morceaux. Dâailleurs, il faudrait que je trouve une façon de faire des chĆurs sur scĂšne, car câest moi qui mâen suis occupĂ© sur le disque.
Tu trouveras des choristes ?
Lysian : Jâaimerais trop. Trois chanteuses qui seraient lĂ avec nous ⊠avec un orchestre aussi, haha.
Et vous avez des idĂ©es de clip pour accompagner votre EP ? AprĂšs celui de votre single âMon corps toujoursâ ?
Lysian : On aurait dĂ» en faire un dans trois jours pour le morceau âSous la pluieâ, mais on câĂ©tait trop compliquĂ©, on n’a pas eu les autorisations dont on avait besoin.
Mais on est pas trĂšs âclipsâ. MĂȘme si on bosse toujours avec la mĂȘme Ă©quipe, le duo de rĂ©alisateurs Les Maan. lls sont supers, ils sont deux et ils font un taf de ouf. Sur le clip de âMon corps toujoursâ, on sâĂ©tait bien amusĂ©s, avec un systĂšme de souffleurs pour faire comme âdisparaĂźtreâ Antoine et Paul dans des draps, avec lâidĂ©e de mettre en image un rĂȘve.
Vous nâĂȘtes pas trĂšs clips, parce que vous nâavez pas encore dâidĂ©es prĂ©cises ?
Lysian : Ah, si, parce que comme tu lâas dĂ©jĂ dit, notre musique est plutĂŽt visuelle. Et jâaime bien penser Ă des clips, mĂȘme si jâai souvent le mĂȘme en tĂȘte qui me revient!
Mais on a trop envie de jouer devant un public en ce moment pour penser aux clips. On a envie dâĂȘtre dans la mĂ©moire des gens, sans quâil y ait forcĂ©ment besoin de nous filmer. On a du mal avec les images de groupe, en gĂ©nĂ©ral. On se force un peu.
(NDLR : une live session du groupe sortira tout de mĂȘme prochainement, rĂ©alisĂ©e par Les Maan dans la crypte de la Maison du tapis, Ă Rouen)
Merci beaucoup pour votre temps Lysian et Antoine. Pour finir, comme dâhabâ Ă la fin de nos interviews, vous pouvez nous citer chacun une chanson francophone qui vous tient Ă cĆur.
Antoine : Pour moi, une chanson de lâalbum de Nino Ferrer âNino and Radiahâ. C’est l’album qui a créé la Chambre 317. Franchement, câest le disque quâon a le plus Ă©coutĂ© au moment oĂč on a trouvĂ© notre style !
Lysian : Je dirais de mon cĂŽtĂ© la chanson dâHenri Salvador, âJâai tant rĂȘvĂ©â. Jâai Ă©tĂ© bercĂ© par Salvador quand jâĂ©tais gosse et notamment par âUne chanson douceâ. Je lâai redĂ©couvert il y a deux ans, et jâai trouvĂ© ses chansons trĂšs puissantes. Ses textes me bercent. Et dans la chanson âJâai tant rĂȘvĂ©â, jâai vraiment lâimpression dâĂȘtre dans le texte. Quand je lâĂ©coute, ça me fait du bien, ça mâapaise.
(NDLR : n’ayant pas pu participer Ă l’interview, Paul a tenu Ă citer de son cĂŽtĂ© la chanson « Statu Quo » de l’artiste quĂ©bĂ©cois Plume Latraverse)
Chambre 317 x Noctambule x paru le 23 avril 2021 (Chambre 317)
Les pistes de l’EP :
- Ă longues nuits
- Innocentes
- Sous la pluie
- Et pourtant
Pssst, vous pouvez commander le vinyle de l’EP Noctambule en suivant ce lien : https://www.diggersfactory.com/fr/vinyl/234833
https://www.facebook.com/chambre317
https://www.instagram.com/chambre317/
Propos recueillis par Simdo
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